MAHABHARAT émotion
et intensité sur scène
Sonia Serra of l'Express, 2 October 2004
La Mauritius
Drama League a présenté cette
semaine Mahabharat, The Eternel Conflict, de Bhishmadev
Seebaluck. Une pièce classique, fastueuse,
mais un peu longue. Le conflit éternel.
Trois dés roulent à terre. Les jeux
sont faits, sous les regards impuissants de Yudhishthir,
Draupadi est enlevée et humiliée.
La guerre du Mahabharat a commencé.
Pour le pouvoir du royaume, une famille se déchire. Frères contre
frères, les Pandavas et les Kauravas se livrent une guerre sans merci,
nourrie par la haine, la vengeance. Le dieu Khrishna descend sur Terre pour assister
au spectacle. La guerre est inutile mais inévitable.
C’est cette bataille grandiose mais futile que l’on nous présente.
Une trentaine d’artistes et plus de six mois de préparation ont été nécessaires à la
mise en scène de cette fastueuse pièce classique de trois heures.
L’académisme et l’expérience du metteur en scène,
Quisnarajoo Ramanna est perceptible. Chaque détail, chaque élément
a été étudié avec soin. Le décor, simple et
sobre, cache les armes, inutiles, reléguées à l’arrière
plan.
Les costumes soyeux, dorés, fabuleux, rayonnent de beauté dans
cette atmosphère guerrière.
Les acteurs, menés par Deepa Bhookhun, magistrale dans le rôle de
Krishna, ont su restituer l’intensité et l’émotion
inhérentes à cette pièce à la fois épique
et moderne, écrite par Bhishmadev Seebaluck.
Arjun (Deepak Ramsurrun), est dans la plus totale confusion lorsqu’il découvre
que ses ennemis sont ses frères, son grand-père, son maître
d’armes. Dhritarashra, le roi aveugle (Anon Pyandee), est impuissant lorsqu’il
se fait conter le récit des batailles. Abhimanyu (Rajnish Brijmohun) est
motivé par le sens du devoir.
La pièce démontre l’avidité de Duryodhan (Savarpelli
Venkatasamy et la rage de Bhisma (Rajen Packiry Poullé).
Les rôles sont ambigus et reposent sur le concept de la dualité.
Entre deux clans, entre guerre et paix, entre vengeance et pitié.
L’œuvre est juste mais longue, trop pour certains qui ont réussi à piquer
du nez, malgré un grand découpage des scènes. Le public
présent, fatigué à l’issue des trois heures, n’a
malheureusement applaudi que fébrilement.
Ce fut pourtant une grande production. Classique, voire rigide, mais qui a présenté de
manière juste et forte, cet éternel conflit, cette guerre aussi
inutile que la longueur de la pièce, peut-être.
Mais comment aborder une telle œuvre sans y mettre les formes nécessaires,
même si gigantesques et épiques ?
Il faut y mettre le cœur pour dénoncer ainsi la violence et ses
conséquences. Pour la ridiculiser. Pour avoir la paix. Mais pourquoi faut-il
la guerre ? Voilà le fondement de la pièce. Une simple question
pour une simple réponse. «Easy to say My Lord », répondra
le roi Dhritarashtra. Sa victoire finale n’en sera pas une, car tachée
de sang. Mais elle sera un exemple.
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