“Boy”, une variante de “Misyon Garson”.

Jeanne Gerval-Arouff from L'express, 29 March 2004.

 

Hier Misyon Garson, aujourd’hui Boy. Jamais roman mauricien, écrit en créole, n’aura connu une telle trajectoire. Imprévisible, et glorieuse. Ecrit par Lindsey Collen et publié en 1996 chez Lédikasyon pou travayer (LPT), il connaît une deuxième édition sous couverture cartonnée en 1999. Aujourd’hui, Boy est publié en anglais, aux éditions Bloomsbury, en Grande-Bretagne : 198 pages blanc cassé, enrobées d’une couverture à la senteur de miel, au signet doré font de ce livre un objet-bijou.

Ce roman prenant, surprenant, mérite pleinement l’attention que lui accordent les éditions Bloomsbury. Sous une apparence de grande simplicité, au langage dépouillé à souhait, le lecteur participe à un parcours initiatique à suspense des plus fascinants. Toutefois, si la métonymie du titre, Boy, est percutante, elle n’implique pas, au prime abord, la notion de “misyon” sur laquelle s’embarque Garson, bien qu’à son insu. Par contre, il rappelle la fonction de messenger, celle d’aller chercher, ou de déposer une “komisyon”. Qui est au départ de la démarche de l’auteur.

Boy, c’est là un surnom de monsieur-tout-le-monde, sans identité, – peut-on parler ici de héros ? – malgré son implication de tendresse, une connotation bien mauricienne. Et qui mènera graduellement l’adolescent vers son passage à l’âge adulte. Le titre anglais, comme “Garson”, d’ailleurs, pourrait aussi insinuer une adolescence vierge de toute connaissance physique, émotionnelle, et intellectuelle du monde et des adultes.

Dans Misyon Garçon, l’anti-héros est invité à aller chercher ses résultats d’examen. C’est ce qui déclenche le roman. Alors que dans Boy, ce premier chapitre est supprimé. L’oeuvre commence d’emblée au chapitre II du contenu de la version en kreol. “At home they call me ‘Boy”.

Un exemple, pour signifier que, si la trame du roman demeure, Boy n’est pas une traduction de la version première, mais un roman à part entière, par une facture autre. Bien des détails et descriptions sont introduits, qui répondent davantage à l’attente d’un lecteur occidental qu’à celui, créolophone, de l’île-point qu’est Maurice. Tout en demeurant fidèle à une écriture savoureuse et originale, mais renouvelée, du roman. Une constante chez Lindsey Collen, passée maître comme conteuse.

Un fait que Boy porte en exergue de couverture, reconnu par l’Independent : “Collen is a masterful storyteller”. Elle est l’auteur de There is a Tide, The Rape of Sita, – qui lui valut le Commonwealth Prize – Getting Rid of it, Mutiny. Goûtez plutôt, à la page 125, de Boy : “A musk-rat scurries from under a rock in the pile, and in the hurry-hurry musk-rats are always in, it shrieks ‘Chwink’, brushing against my neck.

Ne serait-ce pas là une note suffisante pour aguicher le lecteur ? L’entraîner de son plein gré sur le parcours de ce garçon, au surnom qui l’agace prodigieusement. Qui a échoué son Higher School Certificate, la terminale. Et qui voudrait disparaître, “tom dan enn fant dan liniver, just going to tell what happened that day, the day the results came out.” Ce qui arriva à ce “garson”, confronté aussi à la mort de son frère. Boy est chargé par sa mère, d’aller chercher de la marijuana chez son oncle, en vue du festival qui approche. Simple course qui lance, de façon imprévisible, Boy à la rencontre de lui-même. Et, avec lui, le lecteur. Un aspect du roman, porteur de grande joie, – et de leçon, sans véritable morale, – est ce passage à travers divers paysages et circonstances inattendus, vécus dans l’émerveillement de l’instant présent.

Plus émouvante, alors, la rencontre de l’innocente adolescence avec les dangers, les ruses, au hasard – circonstance qui pèse de tout son poids – des déceptions du monde des adultes. Boy fera aussi l’apprentissage de la liberté. Un mot et un état pas toujours simples à assumer. Davantage, quand on quitte tout juste, et l’école, et sa famille. Il rencontrera aussi l’amour, sous les traits de Tifi, son contraire, au parcours scolaire sans faute, jeune fille libérée. Qui choisira, elle, le lieu et l’heure pour l’initier.

 

 
     
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