Le sang du poète
Après La Parole Testament, suivi de Chimie, Umar
Timol revient aux devants de la scène littéraire avec Sang, publié aux éditions L'Harmattan, France. Un petit recueil qui se décline
en deux volets, l'un et l'autre tout aussi fulgurant.
D'emblée, en lisant Sang on
sent une forte influence baudelairienne découlant des mots imagés du poète
mauricien. Le diptyque de Timol est manifestement dans la veine des Fleurs du Mal, du
moins en ce qu'il s'agit des thèmes traités. La poésie d' Umar Timol, néanmoins, peut, dans une certaine mesure, être assimilée à de l'écriture automatique de par la spontanéité qui s'en dégage. Par ailleurs, ce dernier parle de jaillissement des mots, qui, à l'instant de l'écriture, éclaboussent le papier alors que lui-même
se trouve dans une presque inconscience. Ainsi, le premier jet de Sang n'aura
requis à son auteur qu'à peine un mois. Période pendant laquelle il travaille de façon
intensive, presque obsessionnelle.
Le recueil s'organise en deux
parties. La première, Sang, est un long poème d'amour aux parfums d'Orient, inspiré de la poésie soufie sans pour autant être un poème mystique, précise Timol. La deuxième, Toi, rejoint
l'esprit de la première publication de l'auteur, s'articulant entre autres sur les thèmes de l'identité, du langage et par-là même célèbre la pluralité de
la culture mauricienne.
Indicible. Bien que sa poésie soit tantôt lascive tantôt sanglante, voire cinglante, l'homme éprouve une certaine pudeur à en
parler. Il met de l'avant le fait que "l'écriture poétique est une impulsion d'émotion difficile à rationaliser." L'écriture poétique pour lui répond à une nécessité intérieure. "Il
y a un grand silence en moi et ce silence, c'est ce que je tente de traduire
par mes écrits."
Ainsi, pour lui, l'écriture est la tentative de recréer la magie des mots écrits, ce qui sans doute explique l'usage - que certains jugeraient incongru - de néologisme. À ce sujet, il évoque des raisons qui relèvent du for intérieur. Les néologismes, donc, restitueraient toute la charge émotionnelle que veut faire passer le poète à travers ces mots réinventés. Une façon
d'essayer de retranscrire l'indicible. "On n'écrit pas la poésie, on retranscrit ce qui est déjà présent
en nous au moment du jaillissement des mots." Cependant, modestement,
Timol dit écrire avec un sentiment d'impuissance ne se considérant ni poète ni écrivain. Il écrit par désir d'écrire, mêlé au sentiment de son incapacité, explique-t-il en substance. La poésie
pour quelque part combler une part d'absence en soi.
En ce moment, Umar Timol planche
sur un recueil en prose poétique intitulé Bleu et
qui, comme son nom peut l'indiquer, traite de la mer. Qu'on devrait retrouver
chez les libraires, si tout se passe bien l'année prochaine.
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