Vinod Rughoonundun ou la mort aux trousses

Vèle Puychay, L'express, 13 Décembre 2004.

Le poète Vinod Rughoonundun publie aux éditions La Maison des Mécènes, Paris, Daïnes et autres chroniques de la mort, un recueil de onze nouvelles, construites autour du thème de la mort. Insolites, surnaturelles, délirantes, angoissantes et déconcertantes, ces nouvelles sont parfois banales, parfois tirées en longueur, mais souvent accrochantes. Certaines sont remarquables par leur capacité à retenir le lecteur jusqu’à la fin, et cela grâce à l’atmosphère de suspense que l’auteur a su, avec talent, créer et maintenir. En stimulant la curiosité, l’histoire racontée plonge le lecteur dans un moment d’attente qui semble interminable devant le désir pressant de connaître la fin de l’anecdote.

Le coup de fouet final à la Maupassant garantit alors un effet de surprise qui s’accompagne parfois de déception, surtout lorsque le lecteur attendait, au lieu d’un retour à la normale, une explication du surnaturel, voire un prolongement du merveilleux. Le lecteur dans ce cas reste sur sa faim, malgré le plaisir de la lecture.

Les nouvelles de Rughoonundun dominent par la présence permanente de l’esprit mauricien. Tout y est : le décor, les types de personnages, l’atmosphère, les attitudes, les traditions locales, les croyances populaires, et même le fond d’histoires qui ressemblent à ces petites anecdotes souvent entendues. Toute l’écriture romanesque est conduite par la pensée et la culture mauriciennes.

Mais, au fond, de part son style et son langage, le recueil signale une tentative d’entrer dans l’univers romanesque. En effet, jusqu’ici, on connaît Vinod Rughoonundun pour ses recueils de poèmes, publiés chez le même éditeur, alors basé à Maurice : Mémoire d’étoile de mer (1993) et La Saison des mots (1997). On se souvient également de sa Chair de toi, publiée aux éditions Grand Océan à l’île de la Réunion. Daïnes et autres chroniques de la mort est sa première œuvre romanesque.

Si ses textes poétiques l’ont dévoilé comme un poète passionné des mots, cette première œuvre, en revanche, laisse apparaître quelque manquement à l’exigence de la prose qui cependant ne nuit pas à la compréhension pour tout lecteur mauricien. Mais cela pourrait s’expliquer par la volonté de traduire dans une langue étrangère les images que véhiculent d’autres langues et cultures. La langue utilisée produit alors des calques mais qui néanmoins ne manquent pas d’inscrire l’œuvre confortablement dans la catégorie des littératures mauriciennes d’expression française.

On dira alors de Daïnes et autres chroniques de la mort qu’il s’agit de la part de Vinod Rughoonundun d’un exercice de style qui a abouti à une publication, destinée à toute catégorie de lecteurs plutôt qu’une production romanesque au sens littéraire.

 

 
     
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